L’Allocation aux adultes handicapés, ou AAH, est une aide financière dont vous pouvez bénéficier lorsque vous êtes handicapé ou atteint d’une maladie chronique ou invalidante. Indispensable, elle est néanmoins modulée selon votre taux d’incapacité, votre âge ou encore vos revenus. Des critères qui interviennent aussi pour l’attribution de votre pension retraite qui peut en retour interférer dans le versement de vos prestations.
Pouvez-vous cumuler la pension de retraite et l’aide financière AAH ? Quelles sont les conditions à prendre en compte et les démarches à effectuer ? On vous explique comment obtenir et conserver ces revenus destinés à couvrir les frais de votre vie quotidienne.
L’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH), l’aide de la CAF (ou MSA) destinée à votre vie quotidienne
L’AAH (Allocation aux adultes handicapés) est une prestation sociale qui remonte à moins d’un demi-siècle. D’après les dernières statistiques de l’Insee, elle concernerait aujourd’hui 624’000 hommes et 577’000 femmes, soit plus de 1,2 million de personnes aujourd’hui. C’est une reconnaissance sociale et matérielle de la spécificité et des besoins les plus élémentaires de la personne handicapée.
Cette Allocation est attribuée en fonction des répercutions de votre maladie ou de votre handicap sur votre quotidien. Ces conséquences, évaluées par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) sur la base d’un guide-barème, sont entérinés par un taux d’incapacité de :
- 50 % à 79 % si votre accès à l’emploi est fortement compromis pour au moins un an
- 80 % minimum en cas de perte majeure de votre autonomie ou d’une fonction spécifique
Une aide soumise à des conditions d’octroi et de durée
Versée par la Caisse d’allocations familiales (Caf) ou par la Mutualité sociale agricole (MSA), cette prestation est également soumise à certains critères d’éligibilité. Pour en bénéficier, vous devez en effet :
- Résider en France métropolitaine ou dans un DOM (Département d’outre-mer)
- Avoir au moins 20 ans, ou dès 16 ans si vous avez quitté le domicile familial
- Avoir des revenus inférieurs à 11’480 € (20’778 € en couple + environ 5’500 € par enfant).
Notez que les revenus d’activités sont pris en compte partiellement, les revenus fonciers intégralement. Sachez également qu’un abattement est appliqué sur les revenus annuels de la personne avec qui vous vivez en couple.
La durée de versement de votre Allocation aux adultes handicapés dépend de votre taux d’incapacité. Elle est de :
- 1 à 2 ans, et peut être étendue jusqu’à 5 ans si aucun rétablissement n’est prévu, si votre taux d’incapacité se situe entre 50 % et 79 %
- 1 à 10 ans, et peut être étendue à vie si aucun rétablissement n’est prévu, si votre taux d’incapacité est supérieur à 79 %
L’AAH potentiellement cumulable avec la retraite
En fonction de ces éléments, il est probable que vous vous retrouviez à un moment donné dans une situation où, parvenu à l’âge légal de départ à la retraite, vous soyez toujours bénéficiaire de l’AAH. Dans ce cas, sachez que si vous n’exercez pas d’activité professionnelle, votre pension de retraite vous sera versée automatiquement dès vos 62 ans. Et ce, sans que vous n’ayez aucune démarche à effectuer, afin de vous prémunir contre tout oubli et interruption de revenus.
Cette mesure, prise dans le cadre de la LFSS (Loi de financement de la sécurité sociale) pour 2020 et entérinée par le décret du 29 juin suivant, vous permet de ne plus avoir à liquider vous-même votre retraite, c’est-à-dire à contacter les différentes caisses de retraites pour faire valoir vos droits. Une démarche toujours rédhibitoire, au vu de la complexité du système de retraite en France, lorsque l’on est âgé, et plus encore lorsque l’on est dans une situation de handicap ou de maladie.
Ce cumul vous concerne si vous réunissez ces conditions :
- Vous avez, ou allez avoir, 62 ans
- Vous n’exercez pas d’activité professionnelle
- Vous êtes bénéficiaire de l’AAH
- Votre taux d’incapacité est supérieur à 79 %
Si vous êtes dans ce cas, vous percevrez votre pension de retraite et vous continuerez de percevoir l’AAH sous la forme d’une allocation différentielle. Ce dispositif vise à compléter votre petite pension jusqu’au maximum de l’AAH, et donc à conserver celle-ci, soit 956,65 € par mois. Vous êtes informé par écrit 6 mois avant la mise en place du dispositif, et vous pouvez bien entendu vous opposer à ce versement, si vous le souhaitez et quelles que soient vos raisons.
En revanche, si vous exercez toujours une activité professionnelle, ce cumul ne vous concerne pas, et vous devrez effectuer vous-même la liquidation de votre retraite. De même, vous ne pouvez pas cumuler l’Allocation aux adultes handicapés avec une pension de retraite en cas d’incapacité de 50 à 79 % puisque vous basculez automatiquement à l’Aspa (Allocation de solidarité aux personnes âgées) dès vos 62 ans.
Les évolutions à venir
La déconjugalisation de l’AAH, qui vise à ne plus prendre en compte les revenus du conjoint afin de conserver aux personnes handicapées une autonomie financière et matérielle. Votée par décret, elle entrera en vigueur si tout va bien en octobre prochain. Elle devrait élargir et simplifier davantage encore les conditions d’attribution et les calculs, donc le cumul de l’AAH avec la retraite.
A contrario, la réforme des retraites ne devrait avoir aucun impact sur L’AAH. C’est ce que rappelle la présentation du PLFR (Projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale) pour 2023 publiée ce jeudi 9 mars, alors même que le Sénat vient d’adopter le recul à 64 ans de l’âge de la retraite : « Comme aujourd’hui, les personnes en situation d’invalidité ou d’inaptitude pourront partir à 62 ans à taux plein, les travailleurs handicapés à compter de 55 ans ».
En cas de besoin ou de doute concernant l’obtention des aides et les possibilités de cumuls, vous pouvez consulter ce simulateur d’aides sociales simple et rapide. Sachez également, qu’à partir d’un certain âge ou en tant que bénéficiaire de l’AAH, vous devenez notamment non imposable au titre de la taxe foncière.
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